Samedi 8 avril, 12H25, toujours au café des artistes à Toulouse. J’ai même pas fini la lettre précédente que je commence déjà celle-ci, cette fois avec Altin Gün en musique de fond.
Vous connaissez pas ? C’est normal, c’est un groupe de rock-folk turc. Bordel, je deviens un cliché que je méprisais y a quelques années. Et vas-y que je te balance des phrases genre « gneuh gneuh tu connais Greta Van Fleet ? C’est la relève de Led Zeppelin, j’ai hâte d’avoir un lecteur vinyle pour écouter leur album dans les meilleures conditions ! » (à lire avec une voix de teubé qui se croit cultivé parce qu’il connaît des trucs que personne connaît, mais qui connaît pas les trucs que tout le monde écoute). J’ai deux pensées contradictoires, une qui me dit « cogno que t’es, guette le putain de bobo que tu deviens avec tes groupes indie pas connus » et l’autre qui me dit « ouais mais quand même, ce solo de guitare sur the weight of dreams moi ça me transporte à chaque fois ». Bref, je vous laisse écouter et vous faire votre propre avis sur le bobo que je deviens, si tout se passe bien dans 1 mois je me déplace en vélo pour aller dans des friperies et je commande des smoothies en terrasse.
Eh non c’était un piège, je le fais déjà hahahahaha.
Putain.
Je me saoule un peu en ce moment. L’histoire se répète, mes sujets se répètent, ma vie se répète, ça commence à me lasser. Je me pose en terrasse pour écrire une newsletter où à la base je décris l’intermittence, qui s’est transformée en un défouloir pour critiquer Paris. Je suis jamais dans la même ville pour écrire mais c’est pareil, l’emballage est différent mais c’est le même cadeau. J’ai l’impression de tourner en rond, tu m’étonnes que cette newsletter décolle pas…
Oui parce que statistiquement, si vous lisez ça vous êtes soit :
- Un.e humoriste/artiste qui veut découvrir le parcours vers l’intermittence
- Un.e proche à moi qui prend de mes nouvelles par ce biais parce que j’en donne jamais si on m’en demande pas
- Matt Break
Donc comme la première version de cette lettre tacle (encore) Paris, j’ai modifié 2-3 trucs : j’ai enlevé toutes les parties où je parle mal de la capitale, et je les ai remplacées par des fun facts sur une sélection de fleurs qui me fascinent. Parce que c’est bien beau de critiquer les bobos de Paris pour me faire croire que j’en suis pas un, mais un peu d’amour via la beauté de la nature c’est tout aussi cool.
Ma lubie du moment pour choper l’intermittence c’est les comedy club. Une fois arrivé sur Toulouse, j’aurai envie d’y monter un plateau qui me ressemble en rapport avec le monde du rock. Tout ce que je dis est hypothétique, c’est juste une projection de ma tête et j’ai pas la moindre idée de si ça sera réalisable ou non, mais dans l’idéal j’aurais un plateau avec une esthétique punk pour la com sur les réseaux, où on ferait des photos avec les artistes à la fin de chaque soirée pour en faire une pochette d’album qu’on accrocherait au mur, et des fois y aurait des spectacles organisés dont on va enregistrer l’audio, le graver sur un vinyle en édition unique, et qu’on fera gagner à la fin des soirées spectacle. Ça va être exceptionnel putain.
C’est que des projections, mais à Toulouse j’ai moyen d’être payé pour organiser des plateaux si je me démerde bien, et si j’ai bien compris y a différentes manières d’être payé : avoir une microentreprise, avoir une association, ou être directement payé au cachet dans le meilleur des cas si le bar accepte de faire des factures. Si on part du principe que j’en organise un par semaine et que je suis payé au cachet, j’arrive à 52 cachets sur l’année, donc j’atteins le palier des 43 cachets et j’ai l’intermittence à la fin de l’année sans avoir besoin de passer par d’autres plans. Ça c’est dans le meilleur des cas, mais en vrai je pense pas faire plus de deux fois par mois, donc ça divise les cachets par deux mais on arrive quand même à 26, il m’en manquera donc 17 pour avoir l’intermittence. J’aurai plus qu’à trouver des plans qui me permettent de compléter et on est bons.
D’autant que je vais certes vivre à Toulouse, mais je délaisse pas Paris pour autant. Là-bas j’ai une idée que je veux mettre en place depuis longtemps : un plateau sur Paris où personne n’est de Paris. Quelque part c’est une envie personnelle de rétablir une certaine justice, quand je joue en dehors de Paris je rencontre des gens avec un niveau de fou et qui ont un univers que j’ai jamais vu à la capitale. Mais si ces gens ne viennent pas à Paris, ils ne sont personne, et c’est ça qui m’énerve avec cette putain de ville c’est que le dahlia, symbole de reconnaissance dans le langage des fleurs, est comestible et était considéré comme un légume jusqu’au début des années 1800
Je me rappelle quand je gérais l’open mic du jardin sauvage, un jour j’ai fait jouer 3 meufs de Bruxelles : Marin Sergent, Moana et Lola d’estienne. Quand j’ai vu ce qu’elles faisaient sur scène ça m’a bluffé, je suis littéralement fan de ces meufs ! Et elles ont joué sur mon open mic. Genre, mon OPEN MIC ????? Pour moi c’était un honneur, et de mémoire elles venaient avant tout tester des nouvelles blagues, mais j’ai vu passer tellement de gens dans leur cas avec des années d’expérience jouer sur des petits plateaux parce qu’on les connaissait pas à Paris, mais qui mettaient à l’amende 2/3 des humoristes de la capitale !
Véritable haine du système mis en place sur Paris, ou propagande camouflée de la newsletter “tout pour percer” de Lola d’Estienne ? Je me prononcerai pas sur cette question, mais allez quand même vous abonner (svp)
J’ai envie de changer les choses, de faire changer les regards de direction, de montrer aux gens de Paris que putain, y a pas que Paris qui a du niveau. Parce que si on faisait un peu plus attention à ce qui se passe autour de cette ville, on se rendrait compte que le magnolia est une des plus vieilles fleurs de l’histoire puisqu’elle existe depuis plus de 50 millions d’années, d’où le fait qu’elle soit symbole de fidélité et de longévité d’une relation dans le langage des fleurs
J’ai envie de ramener des gens qui vont changer les mentalités, diriger le regard ailleurs de cet entrepôt à ciel ouvert, parce que oui c’est une des raisons qui fait que je pars de Paris c’est que l’hortensia tire son nom de la maîtresse de Philibert Commerson, l’homme ayant découvert cette fleur. Mais quitte à accueillir des gens hors de Paris, je veux les accueillir dans les meilleures conditions. J’ouvrirai pas un plateau si c’est pour les faire jouer devant 5 personnes dans une cave, ça prendra le temps qu’il faudra mais sur ce coup-là je veux participer à ce que tout le monde gagne dans cette histoire et que les mentalités changent. Tant d’idéalisme dans une seule lettre, c’est beau putain.
- un format insta de réflexions sur la vie que je me fais quand je suis à vélo
- un sketch sur les phrases clichés de darons
- bah un comedy club du coup, j’en ai parlé plus haut suivez un peu svp
- une série basée sur mes paranos de tout types
- une petite bd avec les photos d’une de mes scènes d’avril