14H30, sur la terrasse du café des artistes à Toulouse. Pour écrire cette lettre, je m’écoute le dernier single de nothing but thieves en boucle. EN. BOUCLE. Ça faisait des années que j’avais pas ressenti cette sensation : l’attente insoutenable du nouvel album, l’écoute prolongée de la bande annonce de 10 secondes en attendant le premier single, la peur de la déception quand il sort, la satisfaction d’entendre à quel point il est incroyable, et l’envie de ne plus parler que de ça pour les prochains mois. J’avais plus ressenti ça depuis le dernier album des Strokes en 2020, et putain quel bonheur. Alors oui ça n’a rien à voir avec l’intermittence, mais personne connaît nothing but thieves ! Je peux en parler à personne qui va comprendre ce que je dis donc j’ai besoin d’extérioriser, allez écouter cette merveille auditive et venez on en parle après.
Welcome to the DCC, Nothing but thieves
Je m’y reprends à deux fois pour écrire cette deuxième lettre. À la base j’avais parlé de mon expérience en tant que MC sur l’open mic du jardin sauvage, mais c’était plus lourd émotionnellement que drôle (et aussi un poil hors-sujet)
Donc comme je pars sur un tout autre sujet, c’est vous qui allez choisir la newsletter que vous voulez lire aujourd’hui, je vous propose le dilemme de matrix : pilule rouge ou pilule bleue ? Dans les deux cas vous allez me dire que j’ai pété les plombs, mais avec une intonation différente selon celle que vous choisirez.
Pilule rouge, vous suivez le lien ci-dessous et accédez au témoignage de mon expérience en tant que MC sur l’open mic du jardin sauvage, avec tous les détails et les raisons pour lesquelles ça m’a partiellement mené au pétage de plombs. On se tape pas vla les barres mais ça vient du cœur et je l’ai écrit avec mes tripes. Additionnés, ça fait beaucoup de mes organes dont je vous fait cadeau via ce lien.
Le lien : check ici
Pilule bleue, vous faites comme si la première version de cette newsletter ci-dessus n’avait jamais existé et vous continuez votre lecture pépouze, un café à la main et les oiseaux qui chantent à votre fenêtre, tout en écoutant la dernière chanson de nothing but thieves (comment ça je force ?)
Image illustrant ce choix :
La pilule bleue
Je vais partir à Toulouse.
Voilà, on va pas tourner autour du pot, c’est ça le sujet principal de cette lettre. J’y suis resté une semaine et ça a suffit à ce que je sois sous le charme. Alors c’est à prendre avec des pincettes, parce que comme je l’ai dit dans la précédente newsletter je fonctionne par lubies : j’ai une envie intense d’un truc, et en quelques jours j’en ai déjà plus rien à foutre.
Novembre dernier, ma lubie c’était Nantes : le noyau du stand-up alternatif, où les gens ont su créer tout un environnement pour s’épanouir dans leur passion et en vivre par la même occasion. J’avais cette idée en tête d’aller y habiter, donc je suis allé y jouer une semaine et j’ai adoré, mais j’y ai vu des inconvénients. Déjà, je sais pas si j’y serais bien à long terme, c’est très cool sur une courte période mais j’ai peur de mal m’y sentir à la longue. Et surtout Nantes, c’est déjà une référence dans le stand up, la ville s’est implantée comme un des piliers en France et tout ça sans l’aide de Paris. J’ai beau venir de Bordeaux, si j’y allais maintenant je me sentirais comme le parisien qui vient gratter le succès maintenant que ça marche, avec l’impression d’être dans un rap où on dit « ils croyaient pas en moi quand j’avais rien, maintenant ils viennent sucer quand ça buzz ». La flemme.
Y a quand même cette question qui se pose :
Est-ce que c’est Toulouse qui m’attire, ou Paris qui me repousse ? Ou les deux à la fois ? Puis quitte à partir de Paris, pourquoi pas revenir à Bordeaux ? Et quid des villes comme Marseille, où je suis encore jamais allé mais qui a l’air très cool ? Qu’est-ce que j’ai à gagner en changeant de vie comme ça ? Qui dit encore quid en 2023 sans déconner ? Qui a déjà employé le mot quid dans sa vie ? Est-ce que dire quid c’est un truc de gens qui se la pètent ? Depuis quand j’emploie le mot quid moi ? Est-ce qu’on se serait pas éloigné de la question de base ?
Bon, y a encore beaucoup de questions en suspens, mais dans ce pari j’ai moyen d’y gagner sur le long terme. On rappelle, l’objectif c’est de répondre à la question : « est-ce que je renouvelle mon contrat pour un an à la fin de l’été, ou est-ce que lâche mon taf et je me lance dans l’aventure pour atteindre l’intermittence ? ». Au moment où j’écris ces lignes je suis au collège, en train de surveiller une permanence où les 5èmes respectent très mal la consigne « travailler calmement sans monter sur les tables », alors évidemment j’ai envie de prendre la deuxième option. Comment je me concentre pour écrire si tu parles trop fort en fond Najim ? OUI c’est à toi que je parle Najim, j’ai ton carnet à côté de moi mais tu continues de parler Najim, j’ai envie de te dire de fermer ta gueule MAIS J’AI PAS LE DROIIIIIIIIT NAJIM je suis censé faire genre que je suis calme mais tu me fais péter les plombs Najim !
J’ai qu’une envie c’est de me barrer et commencer le compte à rebours de l’intermittence, et en partant à Toulouse c’est faisable. Si je pars à la fin de mon contrat je devrais avoir le chômage, cumulé aux APL et à l’argent des chapeaux ça devrait me permettre de tenir financièrement le temps d’obtenir l’intermittence pour de bon. Et en prime je m’installe dans une ville où je paierais mon loyer moins cher, où je me sentirais mieux et où je ferais vla les économies
A Paris, mon loyer c’est 600€ pour un 13m2 au 6ème étage sans ascenseur. Pour le monde entier c’est une douille, pour les gens à Paris c’est une affaire monumentale, pour moi c’est une douille monumentale. En plus de ça tu comptes 84€ par mois le pass navigo et le coût de la vie à Paris, tu captes vite que mon salaire sert uniquement à payer tout ça et que je vis grâce à la CAF et l’argent des chapeaux pour le reste.
A Toulouse, je peux avoir 45m2 pour 500€, soit trois fois plus d’espace pour 100€ de moins. En prime si je me déplace à vélo c’est 25€ par an. Oui oui, par an. Je paie le même prix en faisant plus de 3 ans de vélo à Toulouse qu’en étant bloqué sur la ligne 13 pendant 1 mois à Paris. Et là vous allez me dire “Bah pourquoi tu fais pas du vélo à Paris ?”. Parce que la circulation dans Paris c’est comme le uno : tout le monde joue au même jeu mais personne à les mêmes règles. C’est fou hein, mais faire du vélo dans une ville où les voitures considèrent les passages piétons comme une forme d’art abstrait, bizarrement ça me fait un peu peur.
Cumulé à ça le coût de la vie à Paris, si je pars de cette ville j’arrête aussi de payer mes jus de pomme 5€ ou mes cafés 2,5€ quand je fais une scène, au total j’économise au moins 200€ par mois. Si je prends un appart à 400€, on grimpe même à 300€ d’économie en ayant toujours deux fois plus d’espace qu’à Paris. Si j’ai le chômage, je toucherai 60% de mon salaire actuel, soit 420€ puisque je gagne 700€ par mois actuellement. Au total je perds 280€, soit l’équivalent de ce que j’économise en allant vivre à Toulouse. CQFD.
Et comme dans l’idéal je vais m’installer en septembre à Toulouse, j’ai prévu de jeter toutes les blagues que j’ai écrites sur les deux années passées à Paris. Quitte à les jeter, autant en faire un spectacle cet été, le jouer 2-3 fois peut-être plus pour roder un minimum, et ensuite le capter et le mettre sur youtube pour tourner la page. Si je prends un nouveau départ je le prends à 100 %, je repars de zéro avec quand même trois ans d’expérience pour m’aider à aller plus vite dans mon évolution à Toulouse.
Dans ce scénario, le plan sur ces prochains mois c’est ça : je continue de jouer hors de Paris jusqu’à la fin de l’année scolaire pour découvrir tous les lieux où il y a des scènes, j’en profite pour retravailler tout ce que j’ai déjà écrit en deux ans à Paris, je jette toutes ces blagues dans un spectacle cet été, septembre début de l’aventure toulousaine pour une durée indéterminée, j’ouvre un plateau à Toulouse pour participer au développement du stand up dans la ville, et le tout en retournant à Paris une semaine par mois pour continuer à y faire des scènes plus ponctuelles. Et aussi parce que j’ai envie d’ouvrir un plateau sur Paris une fois par mois, où je fais jouer que des gens pas de Paris à Paris. Mais ça c’est un sujet pour une prochaine newsletter.
Je vois la différence entre Paris et Toulouse niveau intermittence, je connais des gens à Toulouse qui ont fait 30 cachets sur les six derniers mois pendant que j’en ai fait aucun en deux ans. Un peu l’impression d’avoir quitté ma ville mais de pas être parti dans la bonne. Et si c’était qu’une question d’intermittence j’irais sans doute à Nantes, mais de toutes les villes où j’ai joué c’est à Toulouse que je me suis senti le mieux, j’ai rencontré des gens incroyables et j’y ai trouvé une mentalité vis-à-vis du stand up que je préfère. Y a un esprit d’équipe et d’entraide que j’ai pas trouvé si prononcé à Bordeaux par exemple, ça a beau être ma ville je reconnais qu’on s’entraide pas assez à mon goût. (Culotté venant de la personne qu’a lâché tout le monde à Bordeaux pour aller vivre dans la capitale)
Alors en attendant de savoir si je prends la bonne décision, si je vais m’en sortir, si je vais y trouver mon bonheur, si je vais rester sur ma décision sans me rétracter, si je vais y rester ou si c’est temporaire, la meilleure chose à faire est de me préparer pour ce qui arrive. Plus que jamais les prochains mois vont être décisifs, et en écrivant ces mots j’ai l’impression que l’aventure ne fait que commencer !
Ah oui au fait : le montage vidéo ça m’a saoulé. Je vous l’avais dit qu’il fallait prendre ce que je dis avec des pincettes.
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Et pour finir, une note récente de mon téléphone qui me servira absolument jamais :
Trop bien comme format, j'adore te lire. ♥️
J’adore le PS de la fin 😂 et hâte de te retrouver à Toulouse alors !